Table de cuisine d'inspiration Shaker danoise

Bonjour à tous,

Je vous présente le projet sur lequel je travaille en ce moment, une table de cuisine en chêne.
Ça fait un moment que le projet est dans les cartons puisque j’ai acheté le bois en 2013, avant qu’un voisin qui déménageait nous en donne une de table et c’est seulement maintenant qu’on se décide à la remplacer.

Le lot de chêne américain. On voit bien sur la photo les deux planches plus claires, au dessin plus marqué qui sont en chêne rouge alors que les autres sont en chêne blanc. Je ne sais plus si je savais ça lors de l’achat du bois mais en tout cas j’avais oublié et ça m’a surpris quand j’ai commencé à débiter le bois. Heureusement les morceaux de chêne rouges sont prévus pour le piètement et le chêne blanc pour le plateau principalement.



Voilà l’épure de l’idée que j’avais en tète lorsque j’ai acheté le bois.



Apres débitage et corroyage, l’épaisseur des pièces du pietement est de 38mm seulement et je trouve que c’est un peu fin, vu de face, pour le style, un peu lourd, du piètement.



Alors je suis reparti à zéro à la recherche d’inspiration sur le net. Je recherchais en particulier des table de style Shaker quand je suis tombé sur des designs d’un certain Borge Mogensen, un danois qui s’est inspiré lui aussi, dans les années 50-60, des tables construites par les Shakers.
Voilà la table en question, résumée en une photo, qui va me servir d’inspiration.



Du coup, une nouvelle épure. Désolé pour la qualité et l’angle de prise de vue qui déforme…



Je me retrouve à recoller des morceaux déjà débités.



Pour pouvoir les refendre en trois plutôt qu’en deux.



Avec mes sections de bois je suis obligé de m’éloigner un peu du modèle et de faire de pieds de section rectangulaire plutôt que carrée. Les pieds sont plus fins en haut qu’en bas. Ebauché d’un coup de SAR.



Suivi d’un rabotage.



Un autre problème avec mes débits est que les traverses basses sont trop fines et manquent de rigidité. De plus le chêne rouge ayant des pores très ouverts il est réputé pomper l’eau est n’est donc pas très durable en milieu humide. Pas que ma cuisine soit humide mais on passe le serpillière quand même ! J’ai donc décidé d’ajouter une épaisseur de tuart, encore un reste de l’escalier, sous les deux traverses basses.
Collage du sandwich chêne-tuart-chêne.



Avant refente.



Et rabotage.




A bientôt pour la prochaine étape: les assemblages. Du tenon et de la mortaise en perspective.

Cordialement,

Salut,
Cool, un sujet de JoV! Je m'abonne de suite!
Jérôme

Salut JoV,

Je reconnais le chêne rouge!
Superbe réalisation en perspective.
Je vais devoir faire une table dans un avenir moyennent proche et tu vas certainement m'inspirer...
Bonne suite.

bonjour,

Joli projet!....

Salut,

Tvtorre, c’est la première fois que je travaille du chêne rouge et ça n’est pas désagréable, je ne sais pas ce que tu en as pensé ? Le chêne blanc ressemble beaucoup au chêne européen.

Allez, voilà la suite.

J’en étais aux assemblages. Ces derniers seront des tenons mortaises traversant et coincés, de 16mm d’épaisseur.
Je commence par le traçage.



Les mortaises sont ensuite ébauchées à la mortaiseuse.



Et le résultat.



Elles sont ensuite équarries au bédane et au ciseau.



Les joues des tenons sont scies à la SAR et les épaulements sont ensuite réalisés à la scie à dos.



Les joues sont fignolées à la guimbarde jusqu’à ce que ça rentre pile poil.



Voilà où on en est :



J’ai aussi réalisés des coins en tuart qui viendront coincer les tenons. Je fais ça à la SAR.







La prochaine étape a été de réaliser des mortaises dans les montants des pieds. Le procédé est le même que précédemment.







Une étape que je n’ai pas mentionné est que la mortaise est élargie  du coté opposé aux épaulements du tenon. Ici j’élargi de 3mm de chaque côté. Je m’aide d’une fausse équerre pour donner la même pente  au bord de la mortaise que celle des coins.



J’ai aussi corroyé et tenonné deux traverses (en chêne blanc celles-ci) sans prendre de photos. Ce qui fait qu’en mettant tout ensemble on obtient ça :








A bientôt pour la suite,
@+

Salut JoV,

Une précision redoutable, comme d'hab!
Au toucher, le chêne rouge me semble un peu plus lisse que le chêne européen. Un peu plus facile à travailler aussi (sans doute à cause de sa plus faible densité).

A+

jolie réalisation et le  style est sympa.
je vais suivre.

ebe3 a écrit:je vais suivre.

et moi aussi ; je suis curieux de voir le résultat.
++
Renaud

Salut JoV...............yes,encore une super réalisation photos reportage à nous faire pâlir d'envie (de ton talent)

Salut JoV

Heureux de te voir, et qui plus est, sur un nouveau sujet.

Bonsoir à tous
Je prends un ticket
Michel

Bonsoir JoV,
toujours un grand plaisir de suivre tes projets, de belles photos, avec les explications
qui vont bien et de très belles réalisations

Bonjour Jov,

que dire, impressionnant, comme toujours !
un tel niveau de précision me laisse sans voix et me montre le chemin qu'il me reste à parcourir...

amicalement,

Vincent

Bonjour à tous,

Je n’ai pas eu le temps de poster mes dernières avancées avant de repartir au taf il y a 15 jours. Je rattrape ce retard avant de reprendre le boulot sur la table.

Nous en étions donc au piètement, qui commençait à ressembler à quelque chose, tout en restant très carré et anguleux. La prochaine étape consiste à lui donner quelques courbes.

Mais d’abord il faut fixer la traverse centrale de maintien du plateau. Je réalise pour ça une pièce qui sera tenonnée dans les grandes traverses du piètement (vous me comprenez ? il n’y a que des traverses dans cette histoire, je ne trouve pas d’autres terme !)



Cette pièce sera collée à la traverse avec en plus trois tourillons pour maintenir l’équerrage.



Le plateau sera fixé au piètement par des vis. Hors il va bouger en largeur avec les variations d’hygrométrie. Je construis la table pendant notre hiver austral de type méditerranéen, doux et humide, et je sais que le plateau risque de se contracter de 5 à 10mm durant l’été chaud et sec. Il faut donc des trous allongés pour les vis, pour permettre le mouvement.
Première étape : perçage d’un enfoncement pour les têtes de vis, à la mèche forstner.



Puis perçage à 7mm de diamètre de deux trous à 10mm d’entraxe, pour le passage de la vis.



Chanfreinage pour la tête de vis.



Puis je dégage le bois entre les deux trous au ciseau.





Ce qui permettra à la vis de coulisser dans la traverse.





Après ça, mise en forme des traverses à la SAR.



Puis au wastringue.



Et finition à la lime pour le bois de bout.



Un coup de rabot de finition.



Un petit chanfrein au wastringue.



Une autre courbe.



Et enfin collage.



Etape suivante, tracer l’emplacement des mortaises sur les traverses.



Celles-ci reçoivent une découpe à la SAR.



Finition à la gouge suivie d’un coup de lime pour les parties courbes et au rabot pour les parties rectilignes.





Les mortaises sont comme précédemment ébauchées à la mortaiseuse et finies au bédane et au ciseau.



Quelques chanfreins pour casser les arêtes.





Un coup de rabot de finition.



Et finalement on peut assembler les trois pièces !



Après ça il ne reste plus qu’à s’occuper des traverses hautes et basses des pieds. SAR, wastringue, lime, rabot…











Eh ben, des fois que vous vous posiez la question, je confirme, ça prend un certain temps tout ça…
Je réassemble pour voir ce que ça donne.





Maintenant il reste à faire des chanfrein courbes sur les montants des pieds, il n’y en a que 16, de la rigolade… mais ce sera pour le prochain épisode….

A bientôt

Cordialement

Salut JoV,

Eh ben, ça prend forme !

Je ne la découvre pas ici, mais ta maîtrise des outils à main me fascine. Il n'y a pas un éclat, tout est si propre. Tout a l'air simple! Et puis tu arrives à faire ressortir une telle sérénité de ton atelier et de tes créations que la simple lecture de ton fil apporte du calme, du confort, ...

Continue à partager avec nous !

Jérôme

bonjour, super d'accord avec Jérôme....
Fil inspirant !!

amicalement,
Fred

Respects.

C'est beau à voir et je confirme cette impression de sérénité qui s'en dégage.

Merci pour ce partage !

Pascal

Hello,

Merci pour vos remarques, ravi de vous procurer tant de sérénité… (sauf Fred évidement, mais quel excité celui-là !     ) mais c’est exactement ce que trouve aussi dans mon atelier, sérénité calme et confort. Quand je suis dedans je ne pense à rien d’autre (normalement...).
@ plus

Salut Jov,
Je découvre ton fil... toujours une parfaite maitrise du geste et quel talent!
Merci pour le partage de l'ambiance de ton atelier, toujours aussi bien tenu malgré les tonnes de copeaux faits par tes rabots.
On sent bien que tu n'aimes pas la poussière, j'apprécie particulièrement le soin que tu prends pour tes photos...et la chaleur qui s'en dégage.
Content de suivre cette nouvelle réalisation,

Bonjour à tous,

Je reprends ou j’en étais resté, les chanfreins sur les montants des pieds. Tout d’abord traçage à l’aide d’un gabarit en carton. Il y a deux courbes, une plus prononcée que l’autre, en fonction de la position sur le pied.



Ensuite avec une scie très fine (qui me permet d’approcher de la ligne sans trop de risque de scier trop profond) je tronçonne le rebut à intervalles de l’ordre de 2 cm.



Je dégage alors la plupart du rebut rapidement, à la plane.



Avant de terminer au wastringue. Fois seize.



Un coup de rabot de finition sur les parties planes.



Je m’attaque ensuite aux pieds proprement dit. Des pièces de tuart de 10mm d’épaisseur, collés et vissés aux traverses basses.



Une fois leur position repérée grâce aux vis, la forme de la traverse basse est tracée.



Les pièces sont ensuite sciées, avec un peu de marge, à la SAR.



Le profil des traverses basses est aussi finalisé (après pas mal de tâtonnements…).



Dernière opération avant le collage, réaliser des coupes dans les tenons qui recevront les coins.





Rapide ponçage



Puis collage à la colle de peau.





Une fois la colle sèche (le lendemain), arasement des tenons, à la scie puis au rabot.







Rebelote pour les tenons des traverses longues.





Collage des pieds.



Puis de la traverse centrale.



Le lendemain matin les pieds peuvent être finis, ils reçoivent des chanfreins et deux petits coups de gouge pour le détail que personne ne verra jamais !











Collage de l’ensemble du piètement.





Ce matin, une fois sec, j’ai mis en forme la partie des tenons qui dépasse. C’est un détail que je n’avais encore jamais essayé mais qui peut avoir de la gueule. Je me doutais que ça allait prendre du temps… eh bien ça n’a pas loupé. Positionnés comme ils sont ça n’est pas commode du tout de travailler sur les bouts des tenons. Pour des tenons qui seront cachés sous un plateau de table c’est du pur masochisme.  






L’outil  qui m’a sauvé… un couteau... tout simplement.



Voilà où on en est.



Et ce soir après une couche d’huile scandinave (ou danoise…. un mélange d’huile et de vernis polyuréthane très dilué en fait).








Allez, à bientôt pour le plateau.
Cordialement.

Punaise... quelle maitrise !
J'en bave
Bravo, et merci du partage

Vraiment superbe...
Pour le coup de gouge que "personne ne verra jamais", je ne suis pas complètement d'accord. Meme si on ne prend pas conscience completement du pourquoi du comment, je pense que ce genre de détail participe au ressenti d'une finition de grande qualité.
Merci pour ce partage,
Amicalement,
Fred

PS  Jov, sais-tu quelle est l'éventuelle toxicité du polyuréthane ? Parce que je trouve qu'elle rend bien ta finition à l'huile danoise...
edit Wikipedia indique une toxicité surtout penant la mise en oeuvre des mousses, et en cas de combustion, d'incendie. Et éventuellement une toxicité des additifs contenus. Et indique une inertie physiologique apres la polymérisation. Mais cela reste wikipedia.. Niaproun si tu passes par là, ton avis de chimiste m'interesse !!

Salut Fred,

Merci du commentaire…. Pas facile de savoir ou s’arrêter dans les détails, ceux qui feront une différence et ceux qu’on ne verra pas … mais comme tu dis tous participent au rendu dans son ensemble.

Pour le polyuréthane et sa toxicité, je ne sais pas. Les solvants le sont probablement. La résine une fois durcie ??? De la même façon y a-t-il dans ce produit  des siccatifs (métalliques) pour faire polymériser l’huile plus rapidement???

Je ne suis pas 100% sûr du rendu de l’huile scandinave. Elle a pas mal jauni le chêne. Pour le plateau je me tate, j’ai aussi une huile dure naturelle/bio d’origine allemande qui a bien mis en valeur le chêne de mon plateau de bureau (d’il y a quelques mois). Sera-t-elle assez résistante sur un plateau de table de cuisine sur laquelle on mange tous les repas ?  

On verra….
@+