Fauteuil gallois

Bonjour tout le monde,

Je vous présente la réalisation d’un fauteuil sur lequel je travaille depuis quelques mois. C’est un fauteuil (apparemment s’il y a des accoudoirs c’est un fauteuil, pas une chaise) de style gallois. Il est construit sur le principe des chaises Windsor, c’est-à-dire que tous les éléments (pieds, dossier…) sont mortaisés dans le siège. C’est un style courant en Grande Bretagne, je connais des chaises de construction un peu similaire provenant d’Allemagne et d’Alsace mais dans le reste de la France je n’en ai jamais vu. A une exception près, une photo, dans un livre sur le mobilier Auvergnat, d’un fauteuil ‘paysan’ provenant du Cantal construit selon le même principe et qui ressemble fortement aux fauteuils primitifs gallois.

Tout a commencé il y a cinq ou six ans quand une maison en face de chez moi a été vendue et que les nouveaux propriétaires ont décidé de construire une extension, laquelle nécessitait d’abattre un olivier qui poussait dans le jardin. Autant le sort de l’olivier en question m’attristait, je me suis quand même porté volontaire pour l’abattre en échange du bois. J’ai débité les troncs à la gruminette et le bois sèche depuis.
Un des tronc présentait une courbe intéressante et je l’ai mis de côté tel quel avec l’idée de l’utiliser pour des accoudoirs s’il survivait sans encombre au séchage.

Il doit y avoir près d’un an j’ai ressorti le tronc.


J’ai choisi un morceau qui convenait.




Traçage de la pièce que je veux en tirer et débitage à la SAR.




Je refends ensuite cette pièce en deux pour en tirer deux pièces symétriques


Le bois est ondé dans la partie courbe.


A ce stade j’ai laissé les pièces sécher pendant quelques mois encore pendant que je travaillais sur d’autres projets.

A bientôt pour la suite,
Cordialement

Ticket svp ! Gloup gloup !

Me voila en position pour suivre avec assiduité ! Il a l'air beau cette olivier, et puis de l'olivier des antipodes , c'est autre chose que celui qui pousse ici !

S'il reste une chaise un fauteuil au premier rang, je m'y installerais bien pour suivre assidument

Très heureux de te revoir Jov...
Je prends ce qui reste, le strapontin m'ira bien.

Super un nouveau projet...
Bon, je prendrai bien le hamac s'il est encore dispo, le temps que le bois sèche

C'est pas bientôt fini ces digressions !!!
Vous allez faire fuir notre JOV...
On t'écoute, tranquillement, bien installés confortablement (°I=)
++
Renaud

On t'écoute, tranquillement, bien installés confortablement

Je plussoie, mais dans un fauteuil voltaire.

Bonjour les amis,

La suite des opérations maintenant que les pièces de l’accoudoir ont séché pendant quelques mois et que moi je rénovais la buanderie.
D’abord je trace une épure sur du Mdf de 3mm, puis je découpe des patrons pour les accoudoirs et pour le siège.



Ça me permet de tracer les accoudoirs sur les pièces de d’olivier, puis de les scier à la SAR.



Il en manque un peu pour faire le tour donc je regarde dans les chutes quelles pièces je peux utiliser.



Après, collage des chutes et traçage de la pièce à partir d’un patron en bristol.



J’assemble avec des tourillons pour éviter les glissements lors du serrage.





Puis je colle, à la colle forte d’ébéniste, à chaud.



Voilà ce que ça donne après collage et après un coup de vastringue.



Un truc que je n’ai pas mentionné, c’est que les deux pièces que j’ai tirées du tronc étaient en 38 ou 40mm d’épaisseur. L’épaisseur finale de l’accoudoir est de 26mm alors j’ai refendu ces pièces et j’en ai obtenu d’autres de 12mm d’épaisseur.



Dans lesquelles je découpe d’autres pièces courbes.





Je passe un rapide coup de rabot à dents sur les pièces et je colle le tout, toujours à la colle forte chaude.





Résultat



Je trace ensuite des marques parallèles aux bords pour m’aider arrondir les angles, ce que je fais à la scie, à la râpe, à la vastringue et au racloir.









A ce stade, satisfait d’avoir pu réaliser un accoudoir adéquat je ne pousse pas la finition trop loin parce qu’il faudra percer plein de trous dedans et les chances d’avoir des pépins sont encore fortes, alors au cas où, autant ne pas perdre trop de temps.

Alors voilà, je peux m’accouder mais pas m’assoir donc il va falloir penser au siège.

A la prochaine pour cette étape.

Cordialement

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on a pas perdu de temps en s'abonnant. C'est un début splendide.

Pourquoi le choix de la colle forte d'ébéniste plutôt que de la vinylique pour ces pièces là qui a priori n'auront pas à être démonté ?

C'est sans importance mais les tournevis Bost, tu les a trouvé en Australie ou ils ont fait le voyage avec toi ?

@+

Hello Meles,

J’ai choisi la colle forte d’ébéniste pour ces collages parce que j’ai décidé de coller toute la chaise à la colle animale. Pour certaines parties c’est dans un souci de réversibilité, en cas d’erreur ou de réparation ultérieure. Pour d’autres collages, comme ici, c’est pour que tout soit fait avec le même type de colle par souci de simplicité.

Mes tournevis Bost, que tu as repérés, ont émigré avec moi. Je ne crois pas que Bost soit vendu en Australie, en tout cas j’en ai jamais vu.

@+

Salut l'Artiste !

Je force mon arthrite et m'assoie par terre, tant pis, mais ça vaut le coup

Bonjour tout le monde,

Me revoila pour avancer un peu sur le siège, qui sera en chêne. Ce n’est pas le bois idéal à cause de sa tendance à fendre facilement. Pour cette raison il est plutôt évité pour ce type de chaise où toutes les parties sont mortaisées dans le siège. L’orme est le bois de choix dans les iles britanniques. Par chez moi l’orme ça court pas les rues, alors peut être un eucalyptus au fil bien tortueux me direz-vous. Sauf que quand j’en ai besoin, pas moyen de mettre la main dessus, alors j’utilise du chêne…

Cette planche en particulier.



Apres corroyage j’y fais les mortaises pour recevoir des faux tenons. Ce doit être les seuls angles droits du fauteuil.

 



Collage.



Rabotage.



Puis chevillage.



Et mise en forme à la SAR.



Perçage pour recevoir les pieds. Trous de 16mm de diamètre, au vilebrequin, en m’aidant d’un gabarit. On peut voir que l’angle est différent pour les pieds avant (15˚) et les pieds arrière (25˚), aux deux extrémités du gabarit.



J’ai remarqué des petites gerces sur le dessous du siège, ce qui, en plus d’avoir fendu des morceaux (les chutes de la découpe semi circulaire du siège) dans lesquels je faisais des essais de perçage, ne me rassure pas du tout quant à mon choix d’utiliser du chêne.
Du coup je décide de mettre quelques clefs de renfort en travers des gerces à l’arrière, et au niveau des mortaises pour les pieds avant.



Sur cette photo on voit bien les gerces, juste au niveau de la mortaise en bas à droite.



Apres collage.



Puis je reperce à travers les clefs.



Résultat :



A ce stade j’ai ébauché les pieds, en chêne eux aussi. Je corroie les pièces, puis je casse les angles jusqu’à obtenir des octogones, le tout à la R/D. Je tourne ensuite un tenon cylindrique au bout.



Les tenons sont ensuite repris au ‘taille tenon conique’, un gros taille crayon dans les faits.

 





Les mortaises sont reprises à l’alésoir.



Pour que finalement tout s’assemble comme ceci:



Une fois satisfait de ces assemblages, je procède au creusage du siège. Je fais quelques trous à la profondeur voulue pour me guider et j’utilise une plane de tonnelier (si c’est le nom correct de l’outil en français ??) et je finis au racloir courbe.









Voilà pour cette fois, à bientôt pour la suite,

Cordialement,

On dirait du Tom Fidgen...mais en mieux!!!
Je suis bouche bée puissance 12. Tout me plait : le projet, les photos, l'ambiance, les outils!!!
Faut que je fasse gaffe, à force de baver, je vais finir par ruiner mon ordi!!!

le gabarit pour percer en biais, je viens d'apprendre un truc

Et bien…
Pas déçu !
++
Renaud

Et la foule en délire scandait : la suite, la suite, la suite !
Toujours aussi "zen" le travail de Jov qui respire la sérénité,
Chapeau bas.

JoV a écrit:
Sur cette photo on voit bien les gerces, juste au niveau de la mortaise en bas à droite.

Bonsoir.
JoV : je suis "scotché" par la propreté de ton travail, notamment par les fonds des clés .
Tu me fais découvrir le taille tenon conique et l'alésoir sur vilebrequin. Je les note au cas où, plus tard ... Merci de ton beau partage.

JoV a écrit:à bientôt pour la suite,

Ok, je guette .
Roland.

Superbe, un régal de suivre cette réalisation

Magnifique, on attend la suite

Bonjour,

Ravi de voir que ce projet vous plait ! Ça valait le coup de prendre des photos alors !

Bon, maintenant, petit interlude. Comme tous les barreaux du fauteuil sont finis à la vastringue, et que certains sont réalisés à la plane, j’ai décidé de faire un ‘shave horse’. Pas sûr de la traduction française, ça doit exister puisque ce genre de chose fait aussi partie de la tradition Suisse. Peut-être un banc d’âne ou de tonnelier…. Je sais pas….

Pour des questions de place j’ai décidé de faire un ‘shave pony’ la version à monter sur établi (bon là, question traduction… un banc d’ânon     ).


Là c’est les premiers essais du prototype :






Je l’ai conçu de manière à ce qu’il se replie, pour se ranger pendu à un mur.




Les réglages de la hauteur de la planche de support avec une cale en forme de coin ne m’ayant pas ébloui j’en ai profité pour acheter un taraud et une filière pour bois. C’est un outil que je lorgnai depuis longtemps sans pouvoir le justifier vraiment. Eh bien, depuis COVID le modèle en bois est quasi introuvable (remplacé par une version en plastique… hourra…). Heureusement j’ai trouvé un fond de stock en Nouvelle Zélande pas loin de chez un collègue ! Et les prix ont sérieusement augmenté depuis la dernière fois que j’avais regardé (+50% !).




Du coup j’ai pu améliorer le système, et ça marche bien…






Le voilà en service :






@ +

Bonjour Jov.
Super idée, ça fait un moment que j'ai envi d'un cheval de rasage mais son encombrement me rebutait, j'ai un grand atelier mais il commence à être bien plein. Bon, j'aime bien pouvoir circuler aussi avec mon esclave à roulette.
On se régale à te suivre....

Bonjour,

Me revoila pour la suite.
L’accoudoir et le siège étant bien avancés il reste à faire des pieds et des barreaux.

Pour que ces pièces, somme toute assez fines,  soient solides il est important de faire en sorte au maximum qu’elles suivent le fil du bois.
Une façon de faire, comme ici sur une chute de planche en chêne (un reste de ma table de cuisine), est de fendre le bois à la hache ce qui suivra le fil.

 



Je trace ensuite une ébauche des pièces sur le chant des morceaux, parallèle au fil, suivi d’un passage à la SAR.





Il me manquait de quoi faire deux barreaux donc j’ai fait la même chose sur une des chutes du tronc d’olivier.



Puis les pièces sont corroyées à la RD.



Pour les barreaux du piètement j’ai tracé au mieux les pièces selon le fil puis j’ai procédé directement à la SAR.





Les barreaux reçoivent ensuite des tenons.



Avant d’être finis à la plane et à la vastringue



A ce stade je mets les pieds de niveau. Première étape, caler les pieds pour que le siège soit horizontal vu de face et incliné vers l’arrière de 2,5 cm environ.



Puis tracer la base des pieds, à la longueur voulue, parallèle à la surface de référence. Pour info la hauteur du centre de l’avant du siège est de 46 cm.



Une fois les pieds coupés à la longueur il est possible de prévoir l’emplacement des mortaises pour les barreaux pour que ceux-ci soient parallèles au sol.

 

Je pré perce à 6mm en me guidant grâce à la règle.



Le trou de 6mm permet à la vis de ma mèche de 16mm de ne pas mordre dans le bois, parce dès qu’elle mord elle fait avancer la mèche à une vitesse telle qu’il est très difficile de contrôler précisément la direction, à la visseuse en tout cas. Le perçage à 6mm permet aussi de placer un tourillon qui permet de mieux visualiser la direction de perçage.





Même procédé pour le barreau central, percé à 14mm.



Le résultat quand le foret n‘est pas affuté et qu’il faut forcer dessus !



Pendant que la colle sèche j’ai le temps d’affuter le foret ! Avec le recul j’aurais mieux fait de procéder dans l’ordre inverse….



Montage à blanc



Quelques finitions avant collage.








Ici tout est prêt pour le collage. Les barreaux sont finis, les pièces numérotées, les coins sont prêts, les divers tenons ont reçu un coup de scie pour recevoir les coins… y a plus qu’à…









Apres séchage.



Allez, au pire j’ai au moins un tabouret !






A bientôt pour la prochaine étape !